L'@ctu de l'ESIGELEC
Juillet 2020 - n°30
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Success Story #4 : Richard Viel - Directeur Général, Bouygues Télécom


Richard Viel
(Directeur Général, Bouygues Télécom)
« Des années intenses »

Portraits de diplômé-e-s de l’ESIGELEC au parcours professionnel remarquable et qui n’ont jamais oublié leurs années d’étudiant-e.


Aujourd’hui : Richard Viel, Directeur Général Bouygues Télécom

Il est des mots qui reviennent dans le discours de Richard Viel quand il évoque son parcours : la curiosité, le travail, la chance. Pour cette dernière, c’est une capacité à savoir saisir les opportunités, à être au bon moment au bon endroit et à démontrer pourquoi. Les deux premières notions n’ont jamais cessé de l’accompagner tout au long de la carrière riche et variée de celui qui est aujourd’hui directeur-général de Bouygues Télécom.

« C’est le plus beau métier du monde », affirme-t-il, preuves à l’appui. « Les télécommunications constituent, après le sommeil, le deuxième espace-temps de l’être humain. Notre secteur occupe 2h30 en moyenne de la vie quotidienne des gens… C’était 6 minutes en 1998. Au-delà de cette présence indispensable, notre profession est la quintessence de tant d’autres : nous livrons des millions de colis, nous avons des centaines de boutiques, nous facturons 16 millions de clients chaque mois, nous distribuons de la technologie, du marketing, de la communication, du BtoB. Notre activité intègre 7 à 8 secteurs industriels spécialisés. Seules les télécoms couvrent un tel spectre ».


Une promo dynamique

Voilà de quoi étancher la soif de curiosité d’un homme qui a toujours su se remettre en question et découvrir de nouvelles frontières dans les étapes de sa vie professionnelle. Elle l’a conduit chez Dassault Électronique, Hewlett Packard, British Telecom, ou BULL, avant de rejoindre Bouygues Telecom en 1998 et d’accéder 20 ans plus tard à la Direction Générale. « Une entreprise dans laquelle j’ai à peu près exercé tous les métiers », sourit-il. « Dans mes différentes évolutions professionnelles, j’ai cherché à corréler trois critères : la qualité de l’entreprise, celle du job et celle du manager. Quand deux des trois points étaient réunis, je savais que cela avait du sens de me lancer ».

Se lancer, c’est ce qu’il a fait quand, plutôt mathématicien de formation, il choisit des études d’ingénieurs en intégrant l’ESIGELEC (puis ensuite l’INSEAD). « J’aimais les sujets traités par l’école, son aspect technologique très innovant », se souvient-il. Il quitta le Val d’Oise pour s’installer à Rouen et vivre trois années assez intenses au sein d’une promotion 83 « très dynamique, qui a pas mal réussi ». Comme souvent, des amitiés qui traversent les années sont nées de cette époque, certaines demeurant très fortes encore, et quand le président de l’ESIGELEC, Didier Pézier, issu de la même promo, lui demanda d’intégrer le conseil d’administration, Richard Viel accepta avec enthousiasme.

Il choisit comme dominante l’option « informatique et automatisme », une décision qu’il qualifie « d’intuition de jeune technophile », mais qui démontrait un certain flair, il fallait oser croire au développement de l’informatique au début des années 80. Il se souvient de professeurs lui ouvrant les yeux sur de nouveaux domaines, sur des aspects opérationnels (la rigueur dans les modèles statistiques) ou très novateurs (« nous étions émerveillés de taper des codes et de voir s’afficher des résultats sur les écrans des ordinateurs balbutiants »). Engagé comme trésorier du bureau des élèves, membre éminent de l’équipe de tennis de l’école, avec comme fait d’armes un parcours jusqu’en demi-finale du Championnat de France des grandes écoles, Richard Viel garde des souvenirs, des moments, des images qui restent forts encore.


L’ambition de voir grand

Et il conserve un regard sur l’évolution de l’école, ne serait-ce qu’au travers de diplômés ayant intégré son entreprise, plus de vingt-cinq aujourd’hui. « C’est important pour moi de pousser l’ESIGELEC à s’orienter vers les besoins futurs d’entreprises comme la mienne, à devenir une référence dans le secteur des télécoms », explique-t-il. Bien sûr, des secteurs émergents, et plus que cela, comme l’intelligence artificielle, le big data, l’analyse des données, le pilotage de l’énergie, sont des figures imposées pour tout ingénieur digne de ce nom.

Mais, au quotient intellectuel, s’ajoute l’indispensable « quotient émotionnel », la capacité à se connaître, à interagir avec son environnement, la compréhension des autres, du monde. « C’est aussi là-dessus que se joue la capacité de progrès des entreprises et c’est ce sur quoi les écoles doivent être en mesure de se renforcer », estime Richard Viel. Sans pour autant négliger le socle du travail, qui est parfois évacué un peu rapidement par les nouvelles générations. Le message du DG de Bouygues Telecom est simple : « plus on travaille, plus on apprend, plus on est performant, plus on se développe et on aide l’entreprise à se développer. Avoir de la persévérance, le sens du devoir, c’est une situation qui devient gagnante pour tout le monde ». L’ambition de voir grand, il l’a aussi pour son école, qui doit « accroître sa notoriété, être plus connue et reconnue. Cela impose de dépasser l’ancrage territorial normand, respectable et essentiel, pour renforcer une approche nationale et internationale, de trouver la stratégie et l’emplacement pour « se donner l’ambition d’aller plus loin ».

C’est ce que Richard Viel a toujours su faire, en développant dès ses débuts des cartes pour les ordinateurs, puis multipliant les tâches et les expertises, sentant aussi quelle direction prendre, quelles responsabilités assumer. « J’ai vécu les années de croissance à deux chiffres dans l’informatique, puis l’explosion de la téléphonie mobile. Cela donne une certaine forme de légèreté, d’euphorie à la vie professionnelle, mais aussi une conscience des enjeux, de l’importance de l’amélioration de la performance de ses collaborateurs. Le management des hommes demeure la clé de tout, et je pense savoir guider et stimuler au travers d’une vision stratégique ».

Se retrouvent ici pleinement les principes du travail et de la curiosité : on n’atteint pas de telles responsabilités sans un engagement permanent et on ne navigue pas entre des fonctions opérationnelles ou fonctionnelles, à l’international ou au national, sans avoir une capacité à comprendre et intégrer les innovations. Se retrouvent aussi ses inspirations. Car c’est souvent dans ses modèles qu’apparaissent les valeurs d’un homme. Parmi ceux de Richard Viel, figurent Léonard de Vinci et Roger Federer. Le premier, pour sa créativité médicale et scientifique, celle « d’un ingénieur qui faisait de l’art ». Le deuxième, là aussi pour sa créativité, sa capacité disruptive, son jeu aérien et inspiré. Deux génies, certes, mais aussi deux immenses travailleurs, deux curieux. Deux façons de penser le monde autrement. Parce qu’un entrepreneur est aussi un découvreur.

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